L’agriculture : levier de choix pour réduire les émissions
La Commission européenne a présenté, le 14 juillet, ses 12 propositions législatives pour répondre à l’objectif numéro un du pacte vert (Green deal en anglais) : faire de l’Union européenne le premier continent à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Pour ce faire, plusieurs secteurs dont l’agriculture sont ciblés en priorité.
La feuille de route visant à répondre au défi climatique a été présentée, le 14 juillet, par Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne. Le paquet de propositions dénommé « fit for 55 » – « paré pour 55 » en français – fait référence à l’objectif de réduire de 55 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 comparé au niveau de 1990. Dans le domaine directement rattaché à l’agriculture (utilisation des terres et régulation des forêts, directive LULUCF), la Commission a revu à la hausse les objectifs de captation : 310 millions de tonnes de CO2 d’ici 2030. Il s'agit d'un objectif de captation annuelle obtenu en additionnant les captations réalisées par chaque État membre. À l'heure actuelle, la captation annuelle de l'UE avoisine les 268 Mt.
« D'ici à 2035, l'UE devra s'efforcer de parvenir à la neutralité climatique dans les secteurs de l'utilisation des terres, de la foresterie et de l'agriculture, y compris en ce qui concerne les émissions autres que celles de CO2 du secteur agricole, telles que celles provenant de l'utilisation d'engrais et de l'élevage », peut-on lire dans le dossier publié par la Commission. Pour atteindre cet objectif commun, chaque État membre devra fournir des efforts, est-il précisé.
L’Europe rappelle que son économie a augmenté de + 62 % depuis 1990 en réduisant en parallèle de - 24 % ses émissions. Décarbonation et croissance économique ne seraient donc pas antinomiques. Entre autres mesures présentées, la Commission suggère de réformer l’actuel marché du carbone en faisant rentrer de nouveaux acteurs dans la boucle.
Les 12 propositions vont désormais être débattues par le Parlement et le Conseil européen.
Une ambition saluée par la jeunesse agricole, mais…
« L’agriculture a un rôle à jouer, c’est une certitude. En améliorant nos pratiques, en utilisant les nouvelles technologies, en diversifiant nos assolements… Mais il faudra être vigilant à ne pas se retrouver dans des impasses techniques. La terre est notre outil de travail. Nous sommes les premiers à vouloir la préserver. Il ne faut pas oublier que sa fonction première est de nourrir les populations, d’assurer une souveraineté alimentaire », réagit Guillaume Cabot, vice-président à JA national.
Le Ceja, l’organisation européenne des jeunes agriculteurs, a tenu à saluer l’ambition de la Commission, tout en rappelant que certains obstacles persistent. « En tant que jeunes agriculteurs, nous sommes pleinement conscients de notre rôle dans l'atteinte de la neutralité climatique, mais nous manquons souvent de leviers réglementaires et commerciaux appropriés pour libérer notre plein potentiel et ainsi atteindre les objectifs verts », analyse Diana Lenzi, la nouvelle présidente du Ceja.