Isabelle Chanclud, fleuriste et productrice de fleurs coupées bio en Seine-et-Marne
Quand elle nous ouvre les portes de sa ferme florale, on peut dire qu’Isabelle Chanclud nous fait une fleur. Quel bonheur d’arpenter sa parcelle multicolore et odorante de 5000 m2 ! Après 30 ans en tant que salariée à la chambre d’agriculture de Seine-et-Marne, Isabelle a fait le choix de se réorienter en devenant agricultrice productrice de grandes cultures et de fleurs coupées bio. Durant son parcours de reconversion, elle a pu bénéficier de nombreux soutiens, dont celui du réseau Initiative France.
Aujourd’hui, pour assurer le renouvellement des chefs d’exploitation agricole, on ne peut plus compter que sur les fils et filles d’agriculteurs. Il est relativement fréquent que les jeunes issus du milieu agricole aspirent à une autre profession que celle de leurs parents. Parmi les porteurs de projet en agriculture, on retrouve maintenant de plus en plus de personnes en reconversion professionnelle, comme Isabelle Chanclud, installée depuis 2019 en tant qu’agricultrice à La Grande-Paroisse après 30 ans de salariat à la chambre d’agriculture de Seine-et-Marne. Pour aller au bout de leur projet, ces entrepreneurs qui ont parfois très peu voire aucune expérience dans le secteur agricole, ont besoin d’un accompagnement renforcé, qui peut prendre la forme de conseils divers ou d’aides financières.
Initiative France accompagne les porteurs de projet
Aider les porteurs de projet à réussir, c’est l’un des rôles du réseau associatif Initiative France, qui depuis 2021 travaille main dans la main avec les Chambres d’agriculture. En dix ans, environ 3 600 projets en agriculture ont été soutenus par Initiative France, notamment par l’intermédiaire de prêts d’honneur, des prêts à taux zéro que l’entrepreneur s’engage à rembourser « sur l’honneur », et qui peuvent servir de levier pour solliciter un emprunt bancaire. Un coup de pouce bienvenu, car le démarrage d’une entreprise s’accompagne souvent de lourds investissements – et ceci est encore plus avéré dans le secteur agricole. D’après une enquête menée par Initiative France auprès de 50 agriculteurs soutenus, 20 % d’entre eux déclarent avoir déboursé plus de 160 000 euros au démarrage de leur projet.
Isabelle Chanclud évalue quant à elle son investissement de départ à 500 000 euros. Une somme qui aurait eu de quoi faire reculer les moins téméraires. Mais l’agricultrice a su s’entourer et a pu bénéficier de plusieurs aides. Elle a notamment eu recours à un prêt d’honneur de 27 000 euros accordé par une antenne locale du réseau Initiative France (Initiative Melun Val de Seine et Sud Seine-et-Marne), et s’est vu octroyer une aide à la création d’entreprise de la part de la Communauté de communes lui permettant de financer son étude de marché. Productrice de grandes cultures sur 80 ha à La ferme du Chauchien, elle a créé en parallèle une activité de ferme florale baptisée Champêtre. Aujourd’hui, elle cultive plus d’une centaine de variétés de fleurs coupées en agriculture biologique sur 5000 m2. Selon elle, son exploitation est viable grâce à ces deux activités.
Une ferme florale pour maîtriser son approvisionnement
D’abord tentée par la création florale, Isabelle Chanclud n’imaginait pas toute la difficulté qu’elle aurait à s’approvisionner en fleurs locales, ou du moins françaises. Aujourd’hui, environ 8 fleurs coupées sur 10 vendues en France sont cultivées à l’étranger. La plupart viennent d’Afrique (Kenya, Éthiopie…), d’Amérique du Sud (Colombie, Équateur…), ou encore d’Israël ou de Chine. Par ailleurs, du fait de nombreux intermédiaires qui existent entre le producteur et le fleuriste, il est très compliqué de remonter aux origines de la production.
Face à ce manque de traçabilité des fleurs, et comme « on n’est jamais mieux servi que par soi-même », selon le proverbe, Isabelle Chanclud a donc fait le choix de les cultiver directement à la ferme. C’est ainsi qu’elle a créé sa propre ferme florale Champêtre. Les fleurs qui composent ses bouquets sont ainsi parfaitement sourcées ! L’agricultrice a d’ailleurs rejoint le Collectif de la fleur française qui lui permet de se rapprocher des fleuristes qui se sont engagés à commercialiser des fleurs coupées françaises à hauteur de 50 % minimum. À travers son expérience, Isabelle souhaite encourager d’autres personnes à se lancer dans cette production. « Nous ne sommes plus qu’une vingtaine de producteurs de fleurs coupées en Île-de-France », déplore-t-elle. Dans les années 1980, malgré un déclin de la production déjà bien amorcé, ils étaient encore plus de 600 producteurs.
L’engouement d’Isabelle pour la production de fleurs coupées est communicatif, et quand on chemine entre les rangées de fleurs multicolores, dominées en cette fin de saison par de flamboyants dahlias, on ne peut qu’espérer une nouvelle éclosion de cette production en France.