Normandie

Femmes & Agricultrices : "Concilier vie familiale et professionnelle !"

Karine Lesouef

Trois femmes, trois générations et trois parcours différents, mais une même envie : celle de l’agriculture. Karine, Emma et Coralie sont agricultrices ou en passe de le devenir. Elles nous expliquent comment leur statut de femme a pu parfois les freiner sans pour autant entacher leur avenir dans le milieu.

Episode 1 - Karine : Concilier vie familiale et professionnelle !

À la tête d’une ferme laitière dans la Manche depuis 26 ans, Karine Lesouef n’avait initialement pas envisagé une carrière dans l’agriculture. Après un diplôme d’études universitaires générales (DEUG) et une licence en chimie, elle enchaîne plusieurs petits boulots. Se sentant un peu perdue durant cette période, elle rencontre son mari et cherche à rebondir. Elle se dirige alors vers un BTS ACSE dans l’optique de s’installer. C’est chose faite le 1er janvier 1999, mais non sans difficulté. Qu’il s’agisse de l’accès au foncier, de l’obtention d’un accord bancaire ou encore des relations intergénérationnelles sur l’exploitation, son statut de femme, étrangère au secteur et non issue d’un milieu agricole, n’a pas facilité les choses.

« Ce n’est pas comme si je n’étais pas capable … toute seule ! »

Par la suite, elle vit, comme de nombreuses femmes, des situations misogynes. « Je me souviens d’une fois où le vétérinaire est venu vérifier l’état d’une vache ayant subi une césarienne la veille au soir. Quand il m’a vue, il a demandé à parler à un homme. J’étais seule, alors je lui ai dit que c’était moi ou personne d’autre. Ce n’est pas comme si je n’étais pas capable d’isoler la bête toute seule ! » Elle regrette que certains comportements de ce genre persistent, tout en notant une nette amélioration au fil des années. Karine ne revendique pas une égalité parfaite « à 50/50 », admettant qu’elle ne peut pas accomplir certaines tâches physiques. En revanche, elle souhaite que les femmes aient des opportunités, que leur travail soit respecté et qu’une entraide existe, tant sur la ferme qu’au sein du foyer. « C’est valable dans le milieu agricole mais aussi plus largement dans notre société ! Chez nous, ça fonctionne très bien. »

Entre vie familiale et engagement professionnel

Si Karine devait donner un conseil aux femmes souhaitant se lancer, ce serait de se faire confiance et de ne pas hésiter à demander du soutien. « Le plus difficile pour moi a été la période où mes enfants étaient petits : les garder, les emmener à l’école… Tout tombait pendant la traite. Il faut organiser la logistique familiale et concilier le tout avec la vie professionnelle. » Une fois cette période passée, elle a toujours voulu s’engager davantage. « Avec l’école et les activités des enfants, on a toujours des contacts. J’avais besoin de continuer à échanger, de ne pas être cantonnée à la ferme ou à la maison et de ne pas tourner en boucle sur le travail. » Aujourd’hui administratrice de la MSA et récemment élue à la Chambre d’Agriculture, elle et son mari ont réajusté leur organisation pour mieux répartir les tâches. « C’est un nouvel équilibre qui a apporté du dynamisme dans notre vie », confie-t-elle avec enthousiasme.