Qui sont les femmes non-salariées agricoles ?
Apparue dans le Larousse en 1961, l’« agricultrice » s’est depuis bien émancipée. Aujourd’hui, 29,5 % des exploitations ou des entreprises agricoles sont dirigées par des femmes, seules ou accompagnées.
« En 2019, les femmes représentaient 27,1 % des non-salariés agricoles, en France métropolitaine », a révélé le chef du département statistique de la MSA, Marc Parmentier, lors d’un atelier presse tenu le mardi 2 mars. Sur un total de 126 400 femmes actives non-salariées agricoles, 107 000 sont cheffes et 19 300 collaboratrices d’exploitation. Ainsi, parmi les chefs d’exploitation ou d’entreprise agricole, 24,3 % sont des femmes. Un pourcentage relativement stable depuis une dizaine d’années, souligne la MSA. Le statut de collaboratrice d’exploitation, quant à lui, séduit de moins en moins les jeunes générations de femmes qui lui préfèrent celui de co-exploitant. En dix ans, l’effectif des collaboratrices d’exploitation a été divisé par deux. Cela traduit certainement les nouveaux équilibres qui se mettent en place au sein des exploitations modernes, avec des femmes qui n’interviennent plus seulement en tant que soutien administratif, mais bien en tant que « l’égal de l’homme ».
Les femmes non-salariées sont très présentes dans la filière cheval, les élevages porcins et l’aviculture. En revanche, elles se font beaucoup plus discrètes dans l’élevage bovin-viande et les cultures spécialisées type arboriculture ou maraîchage. Par ailleurs, elles sont quasiment absentes des entreprises de travaux agricoles, paysagistes, ou dans la filière bois.
Une moyenne d’âge plus élevée chez les femmes que chez les hommes
L’âge moyen des femmes cheffes d’exploitation ou d’entreprise agricole est de 51,7 ans contre 48,3 ans pour les hommes. Cette différence s’explique par une installation plus tardive des femmes par rapport aux hommes, mais pas seulement. « Un nombre non négligeable de femmes remplacent leur mari au moment de leur départ à la retraite, c’est aussi ce qui fait monter leur moyenne d’âge », explique Marc Parmentier. En effet, en 2019, une femme sur 10 est devenue cheffe quand son conjoint est parti à la retraite, via le dispositif de « transfert entre époux ». Cela n’est d’ailleurs pas sans répercussion sur le montant de la retraite des femmes agricultrices. « La pension non-salariée agricole des femmes cheffes est inférieure en moyenne de 3,15 % (correspondant à environ 21 €/mois brut) par rapport à celle des hommes », signale la MSA. Cela s’explique en grande partie par la durée de travail en qualité de chef : de 48 trimestres pour les femmes contre 97 trimestres pour les hommes.
Moins de risque de diabète, plus de risque de pathologies cardioneurovasculaires
Contrairement à la population générale, les femmes relevant du régime agricole souffrent moins de maladies chroniques, de maladies psychiatriques, dégénératives ou neurologiques, et sont moins souvent affectées par un cancer. S’agissant du diabète, alors que les exploitantes agricoles ont un sous-risque (-12 %) par rapport aux femmes de l’ensemble des régimes, les salariées agricoles ont un surrisque de + 8 %.
En revanche, les femmes affiliées au régime agricole présentent un surrisque de pathologies cardioneurovasculaires aiguës ou chroniques de + 10 % par rapport à la population féminine des autres régimes.
Les installations d’agricultrices en France
En 2019, les jeunes femmes de 40 ans et moins représentaient 30,5 % des installations en France métropolitaine. Cette moyenne cache cependant de grandes disparités territoriales. Alors qu’elles sont 43,5 % et 37 % à s’être installées en 2019 en régions Île-de-France et Paca, la région Centre-Val de Loire ne comptait que 26,1 % d’installations de femmes cette année-là. Au niveau départemental, on note des extrêmes : 16 % d’installations féminines en Meurthe-et-Moselle contre 43 % dans les Pyrénées-Orientales. Et alors que la Marne installe 39,3 % de jeunes femmes, sa voisine la Meuse n’en installe que 18 %.