Économie

Près de 30 % des producteurs de lait et de viande endettés et sans trésorerie

L’an passé, les hausses des charges alimentaires et des carburants n’ont pas été compensées par les prix des produits restés stables.  

Une éleveuse dans un champ, de dos, avec ses vaches.

Comment les éleveurs de bovins viande et de vaches laitières feront face économiquement à la crise sanitaire du Covid-19 qui n’épargne aucun secteur d’activité ? Car après deux années de sécheresse estivale, le redressement des comptes d’exploitation des éleveurs laitiers les plus endettés marque une pause.

C’est ce que montre une étude de l’Institut de l’élevage menée dans le grand Ouest et en zone de montagne. En cause, la hausse des charges alimentaires et de carburants pour la seconde année consécutive (+ 8 % en 2019 après + 5% en 2018 dans le grand Ouest) alors que le produit laitier est resté stable (+2 % en 2019). Si bien que l’excédent brut d’exploitation (EBE) a baissé sur un an de 11 % dans le Grand Ouest et de 6 % en zone de montagne par rapport à 2018.

Cette conjoncture défavorable n’a pas permis aux éleveurs les plus endettés de redresser la situation financière de leur exploitation. Comme l’an passé, un tiers de l’ensemble des producteurs rembourse des annuités supérieures à 40 % de l’EBE (excédent brut d'exploitation) et dispose d’une trésorerie globale nette (TGN) négative de 188 €/1 000 l en moyenne pour des charges opérationnelles de 150 €/1 000 l. La proportion d’éleveurs peu endettés (33 % en 2019) et disposant d’une TGN positive a cependant crû de 5 points en deux ans.

En production bovine aussi, l’amélioration des comptes d’exploitation est particulièrement ardue. 49 % des exploitations ont dorénavant un taux d’endettement élevé (annuités supérieures à 40 % de l’EBE) contre 40 % un an auparavant. Mais la proportion de producteurs dans une situation critique avec une TGN négative (26 %) reste stable.

« Ainsi, le revenu disponible a diminué de manière marquée (-14 à -18 %)  en 2019 après la hausse l’année précédente, analyse l’Idele. Toutes zones confondues, il s’établit en moyenne à moins de 20 000 € annuels par UTH familiale. Ainsi, malgré des prélèvements privés stables (environ 21 000 € annuels par UTH familiale), il est impossible de dégager une marge de sécurité ».

Sécheresse et déficit fourrager

Les sécheresses de 2018 et 2019 ont rendu les exploitations déjà en difficulté encore plus vulnérables. Tandis que celles qui avaient les moyens de nourrir leurs animaux, sans acheter des fourrages ou des aliments, ont fini l’année en meilleure posture avec des comptes assainis.

En 2019, un tiers des exploitations est « peu endetté » (dettes < 40 % de l’actif ou des annuités < 40 % de l’EBE et une trésorerie nette globale positive). Or un an auparavant, seules 28 % l’étaient.

Ces deux dernières années, un phénomène de glissement s’est opéré entre les catégories d’exploitations. 8 % des exploitations  les plus vulnérables sont passées de la catégorie « TGN négative » à « endettées LMT » après avoir restauré leur trésorerie. Tandis qu’une partie des « endettées à LTM » (dettes supérieures à 40 % de l’actif ou annuités/EBE > 40 % ; TGN positive) a rejoint le groupe des exploitations « peu endettées ». Mais la sécheresse a ralenti le mouvement de transfert.

Toutefois, certaines exploitations sont parvenues à passer directement de la catégorie des « TNG négative » aux « peu endettées » même si l’étude de l’Idele ne le montre pas.  

Dans tous les cas de figure, le redressement des comptes d’exploitation n’aurait pas été possible si les éleveurs n’avaient pas modéré leurs prélèvements privés autour de 21 000 € par UTH. Un niveau de prélèvement qui ne leur a cependant pas permis de dégager une capacité d’autofinancement positive (cf image).

L’Idele lance Okeleveur.com, une plateforme collaborative

L’Institut de l’élevage et les chambres d’agriculture ont créé sur internet okeleveur.com, un moteur de recherche pour les éleveurs. Les sept filières d’herbivores y sont représentées. En se connectant sur le site, les producteurs de ruminants ont accès à toutes les informations nécessaires pour répondre aux questions portant sur la conduite de leur élevage.