Les zoonoses et intoxications alimentaires ont baissé en Europe en 2020
Listériose, salmonellose ou encore fièvre West Nile... Un grand nombre de maladies d'origine animale ont reflué en 2020, dans le sillage du coronavirus.
Conséquence du coronavirus, ou accentuation d’une tendance déjà présente depuis quelques années ? Le fait est que le nombre de cas humains de zoonoses a baissé spectaculairement en Europe en 2020, selon les chiffres récemment rendus publics par l’Agence de la sécurité alimentaire européenne, l'Efsa. Les zoonoses ? Ce sont les maladies humaines d’origine animale : notamment les intoxications alimentaires bactériennes telles que la salmonellose, la campylobactériose ou la listériose ; mais aussi les maladies transmises par contact, telles que la tuberculose bovine, ou encore transmises par l’intermédiaire d’insectes vecteurs, comme le virus West Nile.
Ainsi la campylobactériose (maladie intestinale due à la bactérie Campylobacter, responsable d’environ 10 % des diarrhées à l’échelon mondial), la zoonose la plus signalée dans l’Union européenne en 2020, avec 120 946 cas à l’échelle du continent, a connu un véritable effondrement : l’année précédente on avait dénombré 220 000 cas, près du double. Et c’est en gros la même évolution pour la salmonellose (bactérie Salmonella), qui est passée de 88 000 cas signalés en 2019 à 52 702 cas seulement en 2020 ! Plus généralement, les épisodes d’intoxications alimentaires collectives (plusieurs cas, issus du même pathogène, au même lieu et à la même date), toutes pathologies confondues, sont passés de 5 175 en 2019 à 3 086 en 2020. Près du quart de ces intoxications sont dues à des salmonelles, dont la source principale ont été les œufs, les produits à base d’œufs, et la viande porcine.
Relativement peu de décès
Les décès ont été relativement peu nombreux (330 toutes infections confondues), et étaient majoritairement dus à la listériose, qui s’avère de très loin la zoonose la plus meurtrière (167 décès), avec un taux de létalité de 13 %, suivie par la salmonellose (57 décès, mais un taux de létalité de 0,19 %). Le virus West Nile représente moins de cas de décès (39 décès), mais a un taux de létalité élevé, à savoir 12,1 %.
Il n’est pas facile d’interpréter cette baisse qui a marqué l’année 2020. Le Brexit, qui a provoqué la sortie du Royaume-Uni de la base de données européenne, ne semble pas avoir joué de rôle important, les taux de zoonoses britanniques n’étant dans l’ensemble pas sensiblement différents de ceux de beaucoup de pays européens. Le coronavirus, en revanche, a manifestement pesé lourd : les intoxications alimentaires se produisent le plus souvent en restauration collective, dans les cantines et restaurants, et les confinements, puis les restrictions et les fermetures ont considérablement réduit ces activités. En outre, les transports d’animaux, qui sont souvent des moments de circulation des pathogènes, ont été nettement réduits en 2020.
Une attention accrue à l'hygiène
Mais il se peut également (et probablement les deux phénomènes se sont déroulés en même temps) qu’on assiste au renforcement, sous l’effet du coronavirus, d’une attention à l’hygiène qui était croissante depuis quelques années. Pour la plupart des zoonoses d’origine alimentaire, les statistiques effectuées depuis 2015 témoignent d’une légère mais perceptible baisse des cas entre 2015 et 2020, souvent proche de 10 %. Il est probable que l’intensification du lavage des mains provoqué par la pandémie, le port généralisé du masque, la distanciation physique et plus généralement la vigilance aient également joué leur rôle. C’est en tout cas ce que suggère le rapport de l'Efsa, et cela irait dans le même sens que l’observation d’une baisse du nombre de rhumes et de gastroentérites humaines dans le sillage du coronavirus. Cette attention accrue à l’hygiène tout le long de la chaîne alimentaire, si elle se pérennise, pourrait être une des rares bonnes nouvelles de l’actuelle pandémie ; et ce devrait probablement être un acquis durable, celle-ci ne semblant hélas pas près de se dissiper.