Les meilleures innovations récompensées au SIMA
Après cinq jours intenses, le SIMA 2022 s’achève aujourd’hui. Cette grand-messe de l’innovation agricole a une fois de plus attiré un public nombreux, venu prendre des renseignements ou tout simplement admirer des machines agricoles à la pointe de la technologie. Moment très attendu, les SIMA Innovation Awards ont dévoilé leurs lauréats dès le premier jour du Salon pour ne pas faire durer plus longtemps le suspense. Retour sur trois innovations qui ont récolté la médaille d’or, chacune dans sa catégorie.
À l’instar de l’édition 2022 du Salon de l’agriculture, le SIMA pourrait être placé sous le signe des retrouvailles. La précédente édition avait eu lieu il y a plus de trois ans, en février 2019, avant que le Salon ne subisse les affres du Covid en étant plusieurs fois reporté. C’est en fanfare que le Salon international des solutions et technologies pour une agriculture performante et durable, abrégé SIMA (ex-Salon international du machinisme agricole), est revenu à Paris Nord Villepinte du 6 au 10 novembre 2022, pour fêter son centenaire. Tout au long des cinq jours, le RER B a drainé vers ce salon mondialement reconnu de nombreux paysans de tout âge et de tout horizon passionnés d’innovation agricole.
Des innovations plus ou moins discrètes
Au SIMA, certaines machines ne passent pas inaperçues. C’est le cas de la nouvelle Holmer Terra Dos T5, l’une des plus grosses machines exposées cette année. Devant cette cinquième génération d’arracheuse intégrale de betteraves, on se sent minuscule.
Mais toutes les innovations ne sont pas aussi tape-à-l’œil, et les meilleures se nichent souvent à l’intérieur des machines elles-mêmes, pour en constituer un élément clé. C’est le cas du capteur Opti-Sensor qui a remporté la médaille d’or dans la catégorie Élevage, énergies renouvelables, biomasse et matériaux lors des SIMA Innovation Awards. Il s’agit du premier capteur NIR (utilisant la spectroscopie dans le proche infrarouge) capable de mesurer en temps réel sur un épandeur la teneur NPK (azote, phosphore, potassium) ainsi que le taux de matière sèche dans les engrais organiques solides tels que le fumier ou le compost. Opti-Sensor est un projet collaboratif porté par Samson Group A/S, l’Inrae et Photon Lines.
À ce jour, le capteur Opti-Sensor n’est pas encore commercialisé. Avant de le mettre sur le marché, Samson Group a encore des ajustements à faire pour en tirer le maximum de potentiel. Car l’objectif n’est pas uniquement de sensibiliser les agriculteurs sur la richesse en azote de leur fumier, dans un contexte de flambée du prix de l’azote minérale, ni seulement de leur apporter des informations en temps réel lors de l’épandage du fumier. L’ambition affichée par Samson Group est que ce capteur puisse carrément jouer un rôle dans l’adaptation des pratiques des agriculteurs. « Plutôt que de mettre 20 tonnes de fumier par hectare, sans n’avoir aucune idée de la composition dudit fumier, l’idée serait au contraire de définir la quantité de fumier à mettre en fonction du nombre d’unités d’azote que l’agriculteur souhaite épandre », explique Laurent Blin, responsable produit épandage solide chez Samson Group.
Cette répartition plus maîtrisée de l’azote préviendra notamment le surdosage. Cela permettra de ne pas gaspiller inutilement le précieux fumier, mais aussi de préserver l’environnement, notamment en Bretagne où les excès d’azote et de phosphore contribuent au phénomène bien connu de prolifération des algues vertes.
Samson Group estime avoir encore besoin de quelques années supplémentaires pour développer un tel système qui permette à l’agriculteur d’épandre son fumier en fonction de la quantité d’azote voulue.
De l’or pour Monosem et Ecorobotix
Parmi les innovations récompensées lors des SIMA Innovation Awards, on peut noter deux autres médailles d’or. Le semoir ValoTerra Ultimate de la société française Monosem dans la catégorie Sols et Cultures ou encore le pulvérisateur ARA de la société suisse Ecorobotix dans la catégorie Robotique et électronique embarquée.
Semoir ValoTerra Ultimate
L’une des principales innovations du semoir monograine ValoTerra Ultimate est son système de transport mécanique de la graine, l’Active Seed Guidance (ASG), qui permet de déposer la graine dans le sillon de manière très précise, et ceci à des vitesses de semis allant de 2 à 18 km/h.
Ce système ASG n’est pour l’instant certifié que pour le maïs, le tournesol, et bientôt la betterave, indique Monosem. Mais un agriculteur peut par exemple avoir des semis de maïs à faire le matin – dans ce cas le système ASG convient parfaitement –, et des semis d’arachide prévus l’après-midi, non compatibles avec l’ASG. Aucun problème, explique l’entreprise spécialiste du semoir monograine, « en moins de deux minutes par rang, il est possible de repasser à un système plus classique de transport de graines par goulotte, et ainsi gérer la polyvalence variétale ».
Pour l’instant disponible au compte-goutte, le semoir ValoTerra Ultimate sera commercialisé à grande échelle à partir de 2025.
Pulvérisateur ARA
S’agissant du pulvérisateur ARA de la société suisse Ecorobotix, il se démarque avant tout par sa haute précision « plante par plante ». Constitué de 156 buses espacées de 4 centimètres, le pulvérisateur permet de déposer avec précision le produit, quel qu’il soit, en évitant au maximum la volatilisation grâce à des bâches encadrant les modules. Mais surtout, il possède une intelligence artificielle qui le rend capable de distinguer la culture des mauvaises herbes et ainsi de cibler l’une ou l’autre en fonction du produit à appliquer, diminuant de ce fait la phytotoxicité dans les cultures dans le cas d’utilisation d’herbicides.
Ara est compatible avec une dizaine de cultures dont des légumes de plein champ (haricot, oignon, salade iceberg…), des grandes cultures (betterave sucrière, colza…) et aussi des prairies et gazons. Cette liste déjà conséquente est par ailleurs vouée à s’élargir. Un autre avantage par rapport à la plupart des pulvérisateurs, explique la société Ecorobotix, est aussi de pouvoir distinguer du « vert sur vert ». Il reconnaît par exemple le chardon et le rumex, des espèces indésirables, au milieu de plein d’autres espèces de même couleur constituant les prairies.
Présent sur le marché suisse depuis début 2021, ARA est arrivé en France en début d’année 2022. « En France nous avons déjà deux distributeurs » indique Ecorobotix.