Les exportations au service de la maîtrise de notre destin alimentaire
À la veille de la publication des chiffres annuels du commerce extérieur, le collectif Export & Souveraineté Alimentaire a organisé un déjeuner de presse, le lundi 06 février, au cours duquel il a présenté les résultats de l'étude du cabinet Asterès sur l'impact de l'exportation des produits agricoles et alimentaires.
Les exportations au service de la maîtrise de notre destin alimentaire, voici le thème de ce déjeuner destiné à la presse et à l'ensemble des organisations adhérant au collectif. Cette étude montre que le déclin de nos performances à l'exportation a un impact direct et désastreux sur une filière déjà fragilisée, sur les consommateurs français, sur notre économie, sur nos territoires et enfin, sur notre souveraineté alimentaire. La publication de cette étude marque également le lancement d'une grande campagne de mobilisation, à l'échelle nationale et locale, pour la maîtrise de l'avenir du secteur. « La France, pourtant considérée comme l'une des grandes puissances alimentaires mondiales, connaît depuis de nombreuses années un fort déclin de sa performance à l'exportation dans les produits agricoles et agroalimentaires », informe Jérôme Despey, président du CNPA, à l'initiative du collectif Export & Souveraineté Alimentaire. En près de 20 ans, elle est passée de la 2e à la 6e place mondiale. Ce fort déclin de nos parts de marché et notre perte de compétitivité à l'exportation, en Europe et dans le monde, contribuent directement à la crise actuelle du secteur agricole.
Le but de cette étude est, pour le collectif, d'alerter sur le déclin des capacités exportatrices de la France, mais aussi de défendre un export puissant. Ce qui permet de pérenniser le modèle alimentaire français au service de la filière, des consommateurs et de la souveraineté alimentaire.
Production et exportation, une baisse de volume devenue structurelle
D'après les experts du cabinet Astères : « En volume, la plupart des indicateurs sont à la baisse, concernant la production comme l'exportation. » Après une augmentation régulière depuis 1960, les productions agricole et agroalimentaire stagnent en volume depuis 20 ans. En revanche, en valeur, elles augmentent. Pour l'exportation, les quantités baissent en moyenne de -1,1 % par an sur dix ans. Les exportations en valeur hors vins et spiritueux sont en baisse entre 2012 et 2019, « la conjoncture est plutôt bonne en valeur », conclut Nicolas Bouzou, fondateur d'Astères. Les parts de marché de la France, dans le monde, sont en baisse, passant de 5,7 % en 2010 à 4,5 % en 2022.
Quand les vins, spiritueux et céréales cachent un effondrement complet
« La dépendance à deux secteurs crée un risque macroéconomique majeur en cas de difficultés pour les vins et spiritueux et/ou céréales », indique Nicolas Bouzou. Sur le total des produits agricoles et agroalimentaires, la balance commerciale française est en excédent depuis 2007 et atteint 10,5 Mds€ en 2022. Ceci est porté par le prix des produits agricoles et agroalimentaires, notamment les vins et spiritueux, ainsi que les céréales. Cependant, cette situation cache une réalité plus sombre : une baisse structurelle de la production et de l'exportation dans d'autres secteurs. Il est donc nécessaire de diversifier les filières et de renforcer l'exportation pour assurer la pérennité du modèle alimentaire français.
Les exportations ont un impact significatif
Les exportations créent de la valeur s'ils permettent de soutenir l'activité. Lorsque l'activité exportée baisse ou augmente de 10 %, les bénéfices baissent (ou augmentent) de 11,5 %, les capitaux propres et les dettes baissent (ou augmentent) de 6,6 % et la masse salariale baisse (ou augmente) également de 4 %. "Les exportations ont un impact significatif sur les bénéfices, les capitaux, la dette et la masse salariale", conclut le fondateur d'Asterès. En effet, la variation de l'activité a un effet causal.
Deux scénarios, pessimiste et optimiste
Asterès propose une augmentation de l'activité afin de reconquérir les parts de marché perdues à l'export depuis douze ans. Cela impliquerait une capacité d'investissement supplémentaire située entre 4,6 Mds€ et 7,7 Mds€, bénéficiant indirectement aux consommateurs français. Ces investissements pourraient avoir comme effet des gains de productivité, des augmentations de capacité de production ou encore une accélération de la transition environnementale, bénéficiant en retour au consommateur français grâce à la baisse des prix, à l'amélioration de la qualité ou à la réduction des externalités négatives. Asterès n'a pas été en mesure d'estimer ces effets. L'empreinte économique totale d'une augmentation ou d'une restauration de la production, selon les secteurs, pour reconquérir les parts de marché perdues à l'export est estimée par Asterès à 24 Mds€ d'activité, 9 Mds€ de valeur ajoutée, plus de 75 000 emplois et 3,5 Mds€ de recettes publiques par an.
Les deux scénarios proposés par Asterès incarnent l'étendue des enjeux qui entourent les exportations de la filière agricole et agroalimentaire française.
Ce rendez-vous presse marque le coup d'envoi d'une grande campagne de sensibilisation sur la contribution essentielle de l'export à la pérennité du secteur agricole et agroalimentaire et à la maîtrise de l'avenir de la filière, ainsi qu'à la souveraineté alimentaire. Le collectif Export & souveraineté alimentaires regroupe les principaux acteurs de la filière agricole et agroalimentaire et compte plus de 1,3 million d'emplois directs.