La stratégie « De la ferme à la table » adoptée par le Parlement
Mardi 19 octobre, le Parlement européen a adopté à 452 voix pour, 170 contre et 76 abstentions, la stratégie « De la ferme à la table » proposée par la Commission européenne et faisant partie du « Pacte vert » ou « Green Deal ».
Depuis des mois, les stratégies « De la ferme à la table » et « Biodiversité » cristallisent les tensions, alimentées notamment par plusieurs études d’impact – dont celle du Centre commun de recherche (JRC) publiée le 28 juillet – anticipant, comme conséquence du Green Deal, une diminution de la production alimentaire européenne ainsi que du revenu des agriculteurs. Tandis que les uns se sont appuyés sur ces résultats pour décrédibiliser la stratégie « De la ferme à la table », d’autres à l’instar de la Commission européenne ont pointé les limites de ces études, qui « ne prennent pas en compte le coût de l’inaction et la totalité des objectifs du Green Deal ».
« Toutes les cibles du Green Deal ont été élaborées sans vraie évaluation scientifique », déplore de son côté Bruno Menne, conseiller politique à la Copa-Cogeca, le principal syndicat d’agriculteurs et de coopératives agricoles européen. Il appelle à des « politiques fortes concernant les technologies et les finances » au risque « d’aboutir à encore plus d’insécurité alimentaire, et pas juste en matière de production, mais aussi d’accessibilité ». Il insiste également sur la nécessité de développer des outils pour compenser la réduction de l’utilisation des pesticides chimiques, l’un des objectifs de la stratégie « De la ferme à la table ».
Lors du débat en plénière, les députés, bien qu’ils aient adopté et même renforcé sur certains points les objectifs de la stratégie « De la ferme à la table », ont eux aussi souligné le besoin de procéder à des évaluations d’impact scientifique des propositions législatives prévues par la Commission européenne.
De leurs côtés, les organisations professionnelles agricoles partagent leurs inquiétudes, craignant d’être une fois de plus mises sur la touche. « Il faut une véritable étude de faisabilité, un plan d'action pour accompagner sérieusement les agriculteurs », a réagi dans un tweet Jérémy Decerle, éleveur et député européen (parti Renew Europe).
Rappelons qu’à lui seul, ce rapport n’a aucune valeur légale. Cependant, il renforce la position de la Commission européenne sur la stratégie « De la ferme à la table » et pourra peser dans ses futures négociations sur les législations découlant du Green Deal.