La cameline pour la production de biocarburant
Saipol vient de mettre sur pied une filière « cameline en dérobé » en partenariat avec Terres Inovia et des coopératives. Les graines serviront à la production de biocarburants destinés aux avions.
Saipol, filiale du groupe Avril, spécialisée dans la transformation des graines oléagineux et Terres Inovia, institut technique des oléo-protéagineux, viennent de lancer une filière cameline, destinée à la fabrication de biocarburant pour l’aéronautique. « La cameline semée en dérobée, ne peut être intégrée aux 7 % maximum de biocarburants autorisés pour les transports, mais elle est autorisée comme biocarburant pour l'aviation, souligne Guillaume de la Forest, chargé de mission à Saipol. Lorsqu’elle est implantée en intercultures, elle n’entre pas en compétition avec les cultures alimentaires ».
Une année « test »
Plusieurs coopératives ont accepté de jouer le jeu en proposant à leurs adhérents des productions de cameline, dès cet été, pour une première année test. « La cameline est une plante proche du lin textile qui fait son cycle très rapidement, indique Terres Inovia. Dans le nord de la France, les variétés les plus précoces peuvent être récoltées 100 jours après le semis ». L’objectif de Saipol et de Terres Inovia est d’implanter la cameline après la récolte de céréales d’hiver, de pois protéagineux ou de pois de conserve par exemple, et de la récolter autour du 15 octobre, lorsque les conditions sont encore correctes.
Trois ans d’expérimentations
Les deux organismes ont décidé de mettre sur pied cette filière après trois années d’expérimentations. Ils ont obtenu un rendement en moyenne de 8 à 10 q/ha, et jusqu’à 17 q/ha dans de très bonnes conditions. Mais il arrive que la cameline ne puisse pas être récoltée ; dans ce cas, elle sert simplement de couvert. La culture peut être semée avec un semoir à céréales, à 8 kg/ha de semences environ ou à la volée en augmentant un peu la densité de semis. Il est plus judicieux de l’implanter lorsqu’une pluie est annoncée. En dehors du semis, c’est une culture qui nécessite peu d’interventions. « Seul un apport d’azote de 40 unités environ est nécessaire, précise Terres Inovia. Sauf bien sûr, si la cameline est implantée après une légumineuse. C’est aussi une culture qui résiste relativement bien aux maladies et aux insectes et a la particularité d’étouffer les mauvaises herbes ». Espèce bien connue des producteurs bio, la cameline va peut-être franchir une nouvelle étape, en étant aussi implantée en conventionnel comme source d’énergie renouvelable.