Incendies en France : les agriculteurs mobilisés
À l’instar de nombreux agriculteurs partout en France, Théo Hernandez n’a pas hésité un instant à aller soutenir les sapeurs-pompiers dans leur lutte contre les incendies. Mobilisé au mois de juillet sur le mégafeu de Landiras, en Gironde, il s’apprête à repartir en début de semaine prochaine, alors que le feu a repris depuis quelques jours.
À la mi-août, les incendies continuent de mettre la France à feu et à sang. Des pompiers de toute la France, mais aussi des pays voisins, sont dépêchés pour renforcer en urgence les effectifs dans les zones particulièrement touchées. C’est le cas en Gironde ou dans les Landes, où plus que d’incendies, on parle désormais de mégafeux. Les dégâts sont considérables. En juillet, plus de 20 000 hectares de forêt sont partis en fumée en Gironde. Alors qu’on le pensait maîtrisé, le feu, attendant son heure tapi dans les tourbes, a repris de plus belle en début de semaine du côté de Landiras. Mobilisés dès les premières heures de l’incendie au mois de juillet, de nombreux agriculteurs s’apprêtent à repartir au combat, plus solidaires que jamais.
L’eau précieuse
Théo Hernandez fait partie de ces agriculteurs solidaires. Le jeune homme de 27 ans, installé en vignes et en grandes cultures à Grézillac (33), n’a pas hésité une seule seconde à faire plus de deux heures de route pour rejoindre l’épicentre de l’incendie au mois de juillet, dès lors qu’il en a été informé par le syndicat Jeunes Agriculteurs de Gironde. « Il m’a d’abord fallu trouver une tonne à eau, car je n’en avais pas sur mon exploitation », explique Théo. Finalement, après avoir passé quelques coups de fil, c’est un agriculteur du Lot-et-Garonne qu’il ne connaît ni d’Ève ni d’Adam, qui accepte de lui prêter sa tonne à eau pour une durée indéterminée. Car Théo part, mais ne sait pas encore quand il reviendra.
Après plus de deux heures de route au volant de son tracteur tirant sa tonne à eau de 11 000 litres, il rejoint le poste de commandement qu’on lui a attribué. À partir de ce moment-là, le temps s’arrête. Il ne sortira la tête de l’eau que quelques jours plus tard. L’eau, justement, est sa principale mission. Ses journées sont rythmées par des allers-retours incessants entre les points d’eau les plus proches pour remplir sa tonne à eau, et les citernes stationnaires dans lesquelles il la déverse. « À ce stade, les besoins en eau sont tellement importants que les bornes d’incendie sont à sec. Les pompiers viennent se servir dans des citernes stationnaires de 30 000 litres qui servent de tampon. » À certains moments, Théo s’est aussi retrouvé à ravitailler directement les camions de pompiers pour leur éviter des allers-retours à la citerne. « Ma tonne de 11 000 litres permettait de ravitailler deux CCF (camion-citerne feux de forêts, ndlr) » explique le jeune agriculteur. Il a aussi arrosé les bords de route pour éteindre les flammèches et éviter les sautes de feu.
Une mobilisation nuit et jour
Théo n’a pas compté ses heures durant les quatre jours qu’a duré sa mobilisation. « C’était presque du 24 heures du 24, je dormais une heure ou deux dans ma cabine de tracteur, mais dans ce genre de situation, on ne réfléchit pas trop. » Une expérience qu’il n’est pas prêt d’oublier. « C’était bien organisé, sur place on avait de quoi se nourrir, du café, on pouvait se doucher… » La coopération avec les pompiers a été fluide et efficace et Théo a rapidement trouvé sa place, faisant tout de suite preuve d’autonomie. « C’est la base de l’agriculture de s’adapter continuellement à de nouvelles situations », explique-t-il modestement.
« C’est notre patrimoine qui est en train de brûler. »
Actuellement en Bretagne pour vendre son vin sur les marchés, de l’Entre-deux-Mers principalement, Théo a été rappelé en début de semaine pour une nouvelle mobilisation, suite à la reprise du feu. Il a pris la décision d’écourter son déplacement professionnel pour se rendre disponible dès ce lundi (15 août). C’est l’adrénaline, mais surtout la solidarité, qui le poussent à repartir. Et puis, en tant qu’agriculteur, son lien à la terre est indéfectible. « C’est notre patrimoine qui est en train de brûler », soupire l’agriculteur. Pour lui, il est tout simplement inenvisageable de rester les bras croisés. Son travail sur l’exploitation attendra. « Il y a des choses plus urgentes », estime-t-il. Comme beaucoup d’autres agriculteurs qui, partout en France, ont été soutenir les sapeurs-pompiers dans leur lutte sans merci contre les flammes, Théo possède un sens du devoir qui force le respect.