Dissolution, Mercosur, motion de censure… les aléas politiques s’abattent sur l’agriculture
C’était le scénario le plus redouté par les responsables syndicaux de Jeunes Agriculteurs et de la FNSEA. Après la dissolution de l’Assemblée nationale qui a gelé toute prise de décision des mois durant, sont survenus coup pour coup en l’espace de quelques jours, le vote de la motion de censure et la finalisation de l’accord du Mercosur. Incompréhension, trahison et colère prédominent au sein de la profession agricole qui se dit néanmoins déterminée à faire valoir ses droits, coûte que coûte.
La France traverse une période de turbulences politiques avec des partis en pleine tectonique des plaques. L’incertitude règne encore plus après la chute du gouvernement Barnier le 4 décembre suite au vote de la motion de censure. Au sein du monde agricole, colère et incompréhension s’imposent. Les responsables de Jeunes Agriculteurs expliquent que cela fait plus de deux ans qu’ils portent à bout de bras le projet de loi d’avenir et d’orientation agricole (PLOAA) censé répondre au défi majeur du renouvellement des générations que va connaître le pays dans les cinq prochaines années. Retardé à maintes reprises, la dissolution de l’Assemblée le 9 juin a fini par repousser le texte en fin d’année. Mais hic, la récente motion de censure a remis une pièce dans la machine. Le cas de la PLOAA, loin d’être isolé, est symptomatique. Les nombreuses mesures (TO-DE, retraites, Aita, TFNB, GNR…) obtenues par JA et FNSEA dans la foulée des mobilisations agricoles démarrées à l’automne 2023 sont toutes en suspens. Une situation qui finit de faire balancer la profession entre consternation et écœurement.
Lancement officiel de la campagne des chambres d'agriculture
À l’occasion d’un meeting syndical JA-FNSEA visant à officialiser le lancement de la campagne électorale des chambres d’agriculture, le 4 décembre, les deux présidents nationaux ont saisi la balle au bond du vote de la motion de censure pour haranguer leurs troupes. « On vous invite à aller à la rencontre de vos députés pour demander des comptes », a déclaré Arnaud Rousseau, président de la FNSEA. Mobilisées sur l’ensemble du territoire, les cellules JA et FDSEA départementales ont dès lors provoqué les rencontres avec leurs députés, ayant voté ou non la motion de censure. L’objectif affiché est bel et bien de trouver des solutions rapidement afin de les mettre en application dès que le nouveau gouvernement sera constitué. « On n'est pas en train de dire qu'on soutenait tel ou tel gouvernement, mais on veut que ça avance », a insisté Arnaud Rousseau.
« Les actions vont se durcir »
, a prévenu Quentin Le Guilloux, secrétaire général de jeunes Agriculteurs, le 6 décembre. Sitôt dit, sitôt fait. Des permanences de députés ont été visées en début de semaine par des agriculteurs mécontents qui ont déversé du fumier. C’est le cas par exemple en Meurthe-et-Moselle où les JA locaux et la FDSEA disent avoir lancé « un avertissement ferme » à l’élu.
C’est dans ce contexte particulièrement échaudé, mêlant incertitude politique et colère agricole, sur fond de campagne électorale des chambres que JA et FNSEA ont démarré leur troisième acte de stratégie syndicale axé sur le revenu. « On prévoit des visites de GMS pour dénoncer les prix trop bas et contrôler l’origine des produits », a indiqué Quentin Le Guilloux.